Médailles religieuses et objets de dévotion

Médailles religieuses et objets de dévotion

Origine et datation des médailles religieuses

L'origine des médailles religieuses est à chercher dans les enseignes de pèlerinage, qui apparaissent au Moyen Age, et qui elles-mêmes, semble-t-il, avaient pour ancêtres les amulettes antiques des premiers chrétiens.

Ces enseignes apparaissent, semble-t-il, au XIe ou XIIe siècle et perdurent tout au long du Moyen Age et jusqu'au début du XVIe siècle. Elles étaient fixées sur les vêtements, chapeaux, besaces ou autres, afin de justifier et de témoigner d'un pèlerinage effectué. Une sorte de souvenir et en même temps un objet qui servait de preuve de grande dévotion du possesseur.

Même si presque tous les métaux ont été utilisés pour fabriquer ces enseignes, la grande majorité était coulée en plomb.

A partir du XVIe siècle apparemment, les enseignes religieuses dont les dernières formes sont les boutons-enseignes en bronze blanc de la fin du XVe et début XVIe siècle et certaines enseignes anthropomorphes à bélière, sont remplacées par les médailles religieuses proprement dites, soit coulées, soit frappées à l'instar des monnaies. Elles étaient dès lors fabriquées principalement en bronze, cuivre ou en argent, bien que d'autres métaux aient aussi été utilisés occasionnellement. Après des siècles d'interdiction pour des raisons liées à des pratiques jugées païennes et relevant de superstitions, il semblerait que les premières médailles religieuses aient été accompagnées d'indulgence par le Pape, et donc par là-même se sont ainsi vues "légalisées" par l'Eglise. D'après Fanny Steyaert dans son mémoire de 2009, cette décision de l'Eglise de Rome semble avoir eu pour origine une réaction face à la Reforme.

Il n'est toutefois pas toujours aisé de dater une médaille religieuse ancienne. Plusieurs signes peuvent permettre malgré tout de les placer clairement dans le temps :

- Les médailles à bélière perpendiculaire au plan de la médaille datent toutes de la fin du XVIe au XVIIIe siècle (exception faites de certaines médailles papales de la fin du XIXe siècle et certaines médailles italiennes de la même époque, qui sont toutefois facilement identifiables par le nom du Pape et par la bélière qui était fabriquée dans le plan de la médaille puis tordue à l'aide d'une pince pour la placer ensuite perpendiculairement au plan de la médaille).

- Il existe des médailles à bélière perpendiculaire, dont cette dernière est rattachée au plan de la médaille par une sorte de petit rectangle. Ces médailles sont à dater systématiquement du XVIIe siècle et non du XVIIIe siècle.

- Le style de la médaille permet également de la dater approximativement. Cela permet notamment de dater malgré tout du XVIe ou XVIIe siècle certaines médailles qui ont une bélière parallèle au plan de la médaille, alors qu'on pourrait croire qu'elles sont bien plus récentes que cela. J'ai un exemple sur ce présent blog (Voir photo dans la catégorie "Médailles XVIIe"). Je suppose que ce type de médailles est le lien entre les enseignes de pèlerinage, qui avaient des bélières parallèles, et les médailles religieuses proprement dites.

- Certaines formes comme par exemple l'octogone, sont assez typiques de la fin du XVIIe siècle ou tout début XVIIIe.

- Certaines médailles présentent une date liée à un évênement particulier, les Jubilés généralement.Mais les médailles de Jubilés, ne présentant pas systématiquement une date malheureusement, peuvent être datées en fonction de l'iconographie apparemment, sachant que pour chaque Jubilé (tous les 25 ans) un type particulier de médaille était frappé. J'attends toujours de trouver une liste de ces iconographies par dates de jubilés, afin de pouvoir les dater avec plus de précision.

- En fonction du ou des saints représentés sur la médaille, il est possible quelques fois de dater cette médaille. Un exemple : si un personnage est identifié par B (Beate, c'est à dire Bienheureux) suivi de son nom et qu'il a été ensuite canonisé quelques années après, on peut donc avoir une fourchette de datation de la médaille assez précise, comprise entre la date de béatification et la date de canonisation du Saint.

- Pour les saints les moins populaires et donc les moins courants, les médailles sont en principe à dater de l'année de béatification ou de canonisation du saint. Ceci n'est bien évidemment pas valable pour des saints aussi populaires que St Benoît, St Pierre, St Paul, ou une multitude d'autres.

- Il existe des médailles en tôle de bronze, représentant souvent St Benoît (mais pas toujours), qui sont typiques de l'Est de la France et des pays germaniques limitrophes. Quelques unes sont visibles sur ce présent blog. J'en ai aussi déjà vu une également trouvée en Belgique pour Notre Dame de Hal. Après recherches, d'après une des médailles visibles sur ce blog et datée d'entre 1729 et 1746, et d'après une médaille trouvé en Suisse et datée d'après les couches archéologiques d'avant 1714, ce genre de médailles est donc à dater de la première moitié du XVIIIe siècle.

Voilà, j'espère que ces quelques conseils vous permettront d'y voir plus clair dans la datation des médailles religieuses anciennes.



18/03/2008
6 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 89 autres membres